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CAMPAGNES SOLIDAIRES


Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.

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Le numéro du mois

n° 402 - février 2024
Editorial
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Editorial

« L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire ! » (1)

Le délibéré concernant les 9 défenseurs de l'eau a été rendu mercredi 17 janvier. Tous coupables ! le juge a très clairement choisi de suivre à la lettre la commande du procureur de la République de Niort et du gouvernement, notamment des ministres de l'Intérieur et du Garde des sceaux qui veulent « en finir avec la petite musique de la désobéissance civile ».

C'est un jugement hautement politique et idéologique qui nous a été rendu et jamais le tribunal n'a cherché à prendre la hauteur nécessaire à la cause climatique et paysanne que nous portons. Simulacre d'écoute et de décence qui a atteint son paroxysme lors de ce rendu où le juge n'a pas hésité à faire la promotion du modèle bassines ou à afficher son climatoscepticisme pour justifier des peines et des condamnations très lourdes.

Après avoir été blessés dans notre chair et dans notre tête à Sainte-Soline, après avoir subi le déni démocratique de la part d'un gouvernement aveugle et sourd à la crise sociale et climatique, nous devons maintenant encaisser une nouvelle gifle. Cette décision est profondément injuste et infondée juridiquement comme factuellement.

Comme toujours nous saurons dépasser cette injustice et en faire une source de motivation et d'énergie pour nos nombreuses luttes et chantiers en cours et à venir. Comme toujours nous saurons être plus intelligent.es, plus imaginatif.ves et plus fort.es pour continuer à résister et imposer comme une évidence notre agriculture paysanne.

Cependant nous ne devons pas non plus manquer de compréhension et de lucidité sur ce à quoi nous faisons face et ainsi donc adapter nos stratégies et formes de luttes et de résistances. L'inventivité et la créativité doivent prendre le pas sur la colère et la frustration qui ne sont pas des bonnes et justes boussoles. Sans quoi les conflits et tensions ne cesseront d'augmenter et d'alimenter fracture et incompréhension de toutes parts, notamment dans le monde agricole et nos campagnes.

Les manifestations de janvier (2) nous rappellent que la détresse est grande et la tentation de basculer vers des réponses extrêmes également. C'est à nous d'expliquer encore et encore que les mêmes recettes conduisent aux mêmes maux et que ce ne sont pas les demandes environnementales qui nous ont amenés ici (les écolos n'ont jamais piloté l'agriculture !), mais plutôt le choix politique de livrer l'agriculture à la doctrine néo-libérale qu'il nous faut aujourd'hui remettre en cause.

Nous n'avons plus le choix et devons faire évoluer nos pratiques vers davantage de durabilité écologique et climatique. Pour cela des changements de politiques économiques profonds sont indispensables rapidement : Plus de protectionnisme économique (mais pas de nationalisme !). Plus de maitrise et de régulation des marchés et des volumes pour contrer le libre-échange ! Plus de revenu paysan pour nous protéger de la spéculation et partager les marges ! Plus d'installation et moins d'industrialisation pour relier agriculture, alimentation et engager le chemin vers une agriculture paysanne plus durable !

À nous d'inventer et de construire des formes de convergences et de luttes pour rassembler nos allié.es. Nous avons besoin d'obtenir l'écoute et l'attention de nos opposant.es plutôt que diviser. Nous devons être en capacité, par l'énergie déployée, de tout emporter pour qu'enfin un autre monde et un autre avenir soient possibles. Nous le construirons ensemble et pas face à face.


Nicolas Girod, paysan dans le Jura et ancien porte-parole

    (1) Henri Bergson
    (2) Encouragés par la FNSEA* et les JA*, des agriculteurs manifestent partout en France contre la hausse des taxes, les normes, l'inflation.

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